L’invisibilité de la Santé au Travail et ses conséquences… dans votre assiette et bien ailleurs!

L’invisibilité du domaine de la Santé au Travail (en Suisse… et ailleurs!) sur le plan académique: recherche et enseignement absents des universités et Hautes Ecoles (exceptions, Lausanne et Zürich), et sur le plan social et politique où les partenaires sociaux n’agissent pas dans ce domaine… cette invisibilité a des conséquences néfastes sur notre société.

Nous l’illustrerons par l’aspect suivant: la sous-estimation, voire l’ignorance de l’impact des conditions de travail sur toute une série de problèmes touchant à notre vie quotidienne, notre environnement, notre économie et notre qualité de vie en général.

On attribue habituellement aux mauvaises conditions de travail un impact négatif sur la santé et le bien-être des employés/travailleurs et parfois sur l’entreprise (performance, image, etc.) et c’est juste. Mais on oublie d’autres répercussions.

Ainsi, dans le domaine des soins – milieu hospitalier, soins à domicile, établissements médico-sociaux – la surcharge de travail conduit à des dépressions, burnouts etc. du personnel soignant mais aussi à des erreurs médicales ou parfois à de la maltraitance, avec des conséquences pouvant être graves pour les patients.

Et dans l’agroalimentaire, l’augmentation des cadences et la course à la productivité diminuent les mesures d’hygiène et la sécurité alimentaire, ce qui constitue un danger pour les consommateurs et donc pour la santé publique.

Par ailleurs, dans certaines entreprises, le non-respect des mesures officielles de prévention en raison de conditions de travail dégradées (pression des délais de production, etc.) peut provoquer des accidents écologiques, tel le déversement de déchets toxiques dans une rivière, dévastant la faune et la flore.

Ou les trop longues journées des camionneurs, le stress des conducteurs dans les transports publics etc. peuvent être source d’accidents graves. Sans parler, dans les transports publics, des risques, pour le conducteur et les usagers, liés à l’agressivité de certains passagers dont les conflits dégénèrent en bagarres…

Sur les chantiers de construction également, la pression des délais est si forte que les conditions de sécurité ainsi dégradées peuvent provoquer des défauts sur l’ouvrage, aux lourdes conséquences sur la population, tel l’écroulement d’un immeuble ou d’un pont.

La vie privée aussi peut être affectée par les conditions de travail. Une mauvaise gouvernance, un chef toxique, des conflits avec les collègues et bien d’autres problèmes peuvent entraîner des effets néfastes sur la famille, le couple, les enfants et les relations sociales. En d’autres termes pourrir la vie.

La liste d’exemples illustrant combien les conditions de travail peuvent avoir un impact négatif sur tous les plans dans notre société pourrait s’allonger indéfiniment.

Quelles leçons en tirer? Il faut donner de la visibilité à la Santé au Travail, parent pauvre de la Santé Publique.

Mais comment? Plusieurs pistes sont envisageables:

  • Démontrer la nécessité de recourir aux connaissances acquises par la Santé au Travail sur la qualité de vie au travail qui contribuent à de meilleures performances sur le plan économique et sur celui de la Santé Publique.
  • Tenir compte de l’évolution en cours dans certaines entreprises tendant à adapter leur mode de gouvernance aux changements des mentalités et des valeurs donnant du sens au travail, et recherchées par les jeunes générations.
  • Et bien sûr intensifier la prise de conscience des décideurs, des politiques et de la population par tous les moyens possibles (publications, conférences, webinaires, réseaux sociaux, etc.).

Si la Santé au Travail devient enfin visible, peut-être n’entendrons-nous plus cette question: « C’est quoi la Santé au Travail? »

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