Au chevet du monde du travail

Quand l’un de nos proches ne va pas bien, nous prenons soin de lui. A l’évidence, le monde du travail ne va pas bien; il faut donc en prendre soin. Mieux comprendre l’origine de son malaise et apprendre à en détecter les symptômes contribue à percevoir ce qui pourrait le soulager, le soutenir et l’aider à retrouver une pleine santé.


Le préjudice d’anxiété

Lorsqu’il y a un risque connu élevé de contracter une maladie grave, l’anxiété des personnes concernées pourrit leur vie…. Dans le monde du travail, cette anxiété traduit une réelle souffrance qui n’a jusqu’ici pas été vraiment reconnue et qui laisse à celles et ceux qui s’inquiètent pour leur santé, un goût d’injustice et d’indifférence face à leur désarroi.

Nouvelles formes de gouvernance: stop aux caricatures

Les nouvelles formes de gouvernance sont souvent mal accueillies. Et ce pour diverses raisons, souvent subjectives, telles que la peur du changement, la perte des repères habituels et des structures hiérarchiques, le scepticisme ou encore la crainte de ne plus avoir de contrôle sur les employés. Les «entreprises libérées», par exemple, ont fait l’objet de jugements moqueurs ou méprisants issus d’une image souvent caricaturale.

Il y a pire que l’absentéisme

Les méfaits de l’absentéisme, fléau qui touche bon nombre d’entreprises, sont bien connus. Mais ceux du présentéisme sont encore pires! Alors que dans l’esprit de beaucoup de gens, le présentéisme c’est venir travailler même si on est malade, c’est en fait une réalité plus large, pouvant prendre de multiples formes peu étudiées jusqu’ici. Elles ont un aspect commun: les personnes sont présentes mais non efficaces.

Travail invisible

Dans l’esprit de beaucoup de gens, travail = travail rémunéré. Cette perspective limitée favorise la mauvaise visibilité du travail non rémunéré. Or, celui-ci occupe une place importante dans notre société et comporte aussi des risques pour la santé. Ses formes sont multiples: travail domestique, garde des enfants, soins aux personnes âgées, bénévolat, engagement dans la vie associative (sportive, artistique, culturelle ou sociale), etc.

Des données qui dérangent

Le NIOSH, l’institut national américain pour la santé et la sécurité au travail, est LA référence mondiale incontestée en matière de recherche, formation et promotion dans ce domaine.

En 1998, le NIOSH présentait, dans l’une de ses newsletters, les résultats d’une étude qu’il avait financée et confiée à un éminent spécialiste de la charge économique, sur la société, des accidents et maladies professionnels. Cette étude démontrait clairement le poids économique gigantesque que représentaient les accidents et maladies professionnels sur la société, qui dépassait largement celui de grands fléaux comme le sida, le cancer, les maladies cardiovasculaires, etc.

La médecine basée sur l’évidence peut être cruelle

Pour prévenir les maladies professionnelles, les spécialistes de la santé au travail se réfèrent à des «valeurs limites». Dans le cas des substances toxiques et des poussières, ces valeurs fixent la concentration maximale tolérée aux places de travail et pouvant être supportée par des travailleurs en bonne santé durant 8 heures par jour et 5 jours par semaine. Elles sont déterminées par des experts sur la base des connaissances scientifiques et toxicologiques au sujet de la substance considérée.

Promotion de la santé ou du rendement des employés?

C’est en 1986 que la «Promotion de la Santé» est apparue officiellement sous l’égide de l’OMS avec la Charte d’Ottawa. Son but: donner aux individus davantage de moyens pour gérer et améliorer leur propre santé. Et en 1997, sous l’égide de l’Union européenne, un chapitre a été ouvert pour la promotion de la santé à la place de travail (Déclaration de Luxembourg) afin d’encourager une meilleure collaboration entre employeurs et employés pour améliorer l’organisation et les conditions du travail, par une active participation de tous et un encouragement au développement personnel.

En Suisse, ce mouvement de prévention n’a pas été orchestré, étonnamment, par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP); il est entré par une petite porte, celle d’une fondation de droit privé (Promotion Santé Suisse) alimentée par les caisses maladies. Ces nouveaux acteurs ont transféré les campagnes pour la population générale (tabac, alcool, alimentation, exercice physique, etc.) dans les entreprises.