Ode à l’égoïsme

Vous arrivez au bout du processus de recrutement et l’on vous promet l’envoi d’un contrat de travail dans les jours à venir. Et c’est tout à coup le flash: le job, je l’ai, cela ne dépend plus que de moi. Maintenant c’est du concret, il va falloir sérieusement se poser la question «J’accepte ou je refuse?».

Vous avez du mal à imaginer la seconde option, ce serait un manque d’élégance indigne de vous après les nombreuses heures passées avec votre potentiel futur supérieur. Pourtant quelque chose vous travaille. Est-ce la peur de donner votre démission? De dire au revoir à vos collègues? De quitter un cocon douillet?

Ce poste aurait sa place dans votre CV, sans aucun doute. Sans compter que votre futur employeur n’a cessé de vous caresser dans le sens du poil et de vous promettre monts et merveilles. Donc aucune raison objective de ne pas y croire. Deux questions vous taraudent pourtant. La première porte sur votre intérêt sincère et profond pour l’activité que vous envisagez d’embrasser. Peut-être est-ce le pas de trop? Peut-être l’évidence de mon adéquation pour ce nouveau défi l’emporte-t-elle sur mon réel intérêt pour une activité que j’exerce depuis des années? Mon souhait de changer est-il plus lié au souhait de changer de vie plutôt que d’employeur?

La seconde question demande de dépasser votre pudeur, votre côté politiquement correct: est-ce que ce changement servirait mes intérêts? L’intérêt non dans le sens de l’attrait, mais dans le sens de l’avantage. L’intérêt ici est égoïste, centré sur soi. Il peut être financier mais aussi social, d’épanouissement ou d’envie. Penser à soi est devenu tabou, tellement on nous rappelle de penser aux autres. La réalité est que l’on accepte souvent des situations par adaptabilité, par raison, mais non pour servir ses propres intérêts. Quoi que l’on pense de lui, et sans être un exemple à suivre, le futur ex-président Trump a toujours su sans hypocrisie défendre ses propres intérêts et ceux de son pays. Dans notre société universaliste, une expression comme «se servir soi-même avant de servir les autres» semble manquer d’ouverture et de compassion. Une personne heureuse est celle qui a choisi sa vie, pour autant bien sûr qu’elle ait le privilège de la choisir. Ses enfants tireront plus d’un parent épanoui et moins présent que d’un parent au foyer malgré lui.

Dans la gestion de sa carrière aussi il est au moins aussi important de ne pas s’oublier soi que de ne pas oublier les autres.

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