Gérer son temps par la méthode féline

Se laver les dents, tout en pianotant sur le clavier de votre ordinateur afin de demander un dépannage à la crèche. Profiter de ces instants pour marcher sur votre tapis de course intégré. Vous avez déjà essayé? Cela s’appelle du multitasking. Les collaborateurs modernes et agiles en sont fans.

Sans oublier le Siri intégré qui se réajuste par rapport au son barbouillé du dentifrice qui vient de tomber sur votre nouvelle chemise: Siri abaisse le volume de la musique contemplative, Siri incline à l’horizontal les lames des stores de l’espace co-working, Siri rejette l’appel entrant avec le message d’absence n°5. Votre chat lève la tête, dirige soudainement son regard vers vous, d’un air intéressé, puis se rendort à nouveau, sans sourcilier, avec un bref soupir: «Les croquettes, ce n’est pas pour tout de suite… mon patron ne sait pas gérer ses priorités. Demain est un autre jour, j’ai tout mon temps, moi.»

De la patience, il en faut pour gérer ses priorités. En effet, dans le quotidien, les stimulations sont nombreuses: réponses instantanées demandées, appels en tous genres, heures supplémentaires à gogo, incapacité à dire non face aux demandes tous azimuts, absence de priorités; on les appelle les voleurs de temps.

Dans mes formations concernant la gestion du temps, je retrouve régulièrement des participants motivés à réfléchir à ces problématiques, avec la question suivante: par où commencer? S’inscrire à un cours, c’est déjà bien, c’est le signe d’une prise de conscience (voire celle de votre hiérarchie…). L’idée est de parcourir de façon participative les théories pour gérer ses priorités (méthode des quatre D par exemple: Do it / Delegate / Decide when / Drop it), se fixer des objectifs, puis des mettre en œuvre un plan d’action ad hoc.

Cette méthode permet par exemple de consacrer quelques minutes la veille et en fin de journée afin d’établir les priorités pour le lendemain, et de faire le bilan, en vue d’adapter son rythme et ses priorités. C’est une manière de reprendre le lead sur les tâches du quotidien, et les demandes incessantes. Elle permet aussi d’estimer le temps consacré à quelle tâche, en connaissant sa valeur ajoutée, et les limites du rôle.

Une formation en groupe permet de partager son point de vue et d’écouter ceux des autres, pour aussi réaliser que l’on n’est pas seul sur le bateau de l’organisation personnelle défaillante – la boite à emails qui déborde par exemple. Un coaching professionnel permet en complément d’affiner les stratégies et les objectifs, pour gagner en efficacité. L’employeur souhaite constater sur le terrain les améliorations (c’est bien légitime) et pourquoi ne pas s’en inspirer.

Le chat est connu pour être un champion de la stratégie et des priorités. Il vit l’instant présent, constamment à l’écoute. Il sort de sa veille pour saisir une opportunité (le bout de jambon tombé de la table), il sait dire non (rien de plus difficile que de contraindre un chat), il sait déléguer (ouverture de la porte, service de croquettes à la minute, montée en gamme du service traiteur). Il est curieux et redécouvre son univers sans arrêt, s’adaptant à chaque interlocuteur – adulte ou enfant. Le chat aime aussi le calme, pour se ressourcer et éviter le stress.

Enfin, last but not least, le chat sait éviter les conflits: plus il prend de l’âge, plus il use de stratagèmes pour faire fuir l’ennemi et éviter des dépenses d’énergie inutiles. Face à l’adversité inéluctable, son coup de griffe tonique et rapide sur la truffe de son compagnon le chien est d’une efficacité redoutable. Qui s’y frotte s’y pique.

Alors le chat détient-il les clés du bonheur ? On peut en tous cas s’en inspirer pour changer ses habitudes, même si cela demande de changer la litière de temps en temps…

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