La fable de la poule qui savait dire non

Un de mes voisins m’a annoncé la triste nouvelle. Durant la nuit de jeudi à vendredi, un renard s’est infiltré sous le grillage du poulailler. Il a mangé trois poules avant de repartir sans demander son reste. Quel festin inespéré… Toutes les poules ont disparu. Vraiment? Non, il en reste bien une, en la cherchant bien, blottie dans un coin de paille encore chaude. C’est une poule plus âgée, elle est restée dans le poulailler, et a résisté au renard, en assénant des coups de becs sans relâche, guidés par son instinct et son œil encore vif… incroyable!

C’est une poule «senior» qui est réputée avoir du caractère. Elle n’avait que peu de chances de s’en sortir, pourtant elle l’a fait! D’habitude, elle se montre plutôt solitaire, et défend son territoire coûte que coûte, couvant ses œufs patiemment, sans se laisser perturber. Son air bourru peut provoquer des étincelles avec ses congénères, et avec son propriétaire.

Bien-sûr, elle est triste de se retrouver seule maintenant. Le propriétaire a fini par racheter de nouvelles poules, elles ont désormais une «mentor» toute trouvée.

Dans le monde du travail, on doit aussi faire face à des dangers. Manque de cahier des charges clair, rôles flous, risque d’épuisement, de démotivation, de souffrance au travail, avec du télétravail à la demande. On peut tout d’abord en discuter avec son employeur, c’est la meilleure solution. Ou alors, la question se pose et se fait de plus en plus insistante: partir ou rester? Partir, c’est mourir un peu, c’est sortir de sa zone de confort, avec son bagage de compétences, et des risques à prendre. Idéalement on anticipe, on se prépare, avec des objectifs sur le moyen et long terme, et de la formation continue pour combler les écarts et un œil avisé sur le marché du travail. Peut-être que l’herbe est vraiment plus verte ailleurs.

Depuis bientôt deux ans et la pandémie du Covid, de nombreuses personnes se sont adaptée. D’autres vivent mal cette période. Dans les deux cas de figure, certains ont donné leur lettre de démission. Selon plusieurs études, le télétravail (bien vécu, ou pas, selon les possibilités) a contribué à une ambiance individualiste et concurrentielle. Il faut lire et répondre à des emails à n’importe quelle heure, montrer qu’on est disponible, engagé, et investi. Plusieurs avis divergent, parmi les entreprises. Soit on adopte une attitude de laisser faire ou alors on fixe des règles, pour éviter des dérives et (re)trouver un environnement sain. La piste à privilégier est de trouver un juste milieu entre présence sur le terrain (bénéfique pour la culture d’entreprise) et télétravail, en trouvant la flexibilité adéquate, comprenant ce qu’on appelle le «droit à la déconnexion» par exemple.

Sinon, on risque de se retrouver happé par les urgences, à l’image du poulailler déjà cité plus haut, qui perd des plumes (maladies, licenciements, démission, etc.). Alors avoir du caractère – comme cette poule qui s’est départie du renard – un défaut? C’est certainement une qualité que de savoir dire non, de poser des limites, face aux clients, à ses collègues directs, ou à son supérieur et de proposer des axes d’amélioration. Cela demande du courage. Mais c’est aussi une question de survie, sans doute. Et pourquoi ne pas s’entourer de personnes compétentes dans cette démarche: mentor, collègue expérimenté, personne de confiance ou coach. L’idée étant de rebondir avec ses ressources, parfois insoupçonnées.

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