Le questionnement actuel sur les nouvelles formes de gouvernance qui commencent à émerger dans le monde en évolution des entreprises, s’accompagne naturellement d’une réflexion sur les modes de management et de leadership les plus appropriés. Dans les structures «traditionnelles» les managers sont souvent malmenés, pris entre le marteau et l’enclume, obligés de se soumettre à des procédures standardisées, d’atteindre des objectifs financiers exagérés, d’affronter des problèmes éthiques contraires à leurs valeurs, etc. Leur souffrance a fait l’objet de nombreuses études et a stimulé la recherche vers de meilleures et plus saines formes de management.
Au cours d’une récente conférence de l’IDHEAP intitulée: «Quel-le chef-fe pour les organisations contemporaines?», de très intéressantes considérations ont été partagées parmi lesquelles le fait qu’un bon leader doit d’abord apprendre à se connaître, dans sa manière de fonctionner, dans les facteurs qui ont influencé son évolution, ses valeurs, pour mieux diriger une équipe et assumer son rôle de chef. En d’autres termes, il doit faire un «travail sur lui». Dans ce contexte, l’intelligence émotionnelle, dont on parle de plus en plus, aide à communiquer de manière plus juste, à identifier ses qualités, à se remettre en question, à assumer ses responsabilités, à savoir arbitrer et à être authentique pour rayonner ce que l’on est.
Cette nouvelle approche du rôle de manager se traduit par des formations et des cours de sensibilisation dans certaines écoles de management en France et au Canada par exemple mais probablement ailleurs aussi. À Grenoble des cours sont donnés pour sensibiliser les étudiants aux dimensions humaines du management et à l’importance du développement personnel. À l’Université Laval au Québec il y a des programmes disponibles pour tous les étudiants pour cultiver la présence et la pleine conscience.
Les approches pour «mieux se connaître», pour faire une introspection sincère et courageuse, sont multiples. La prolifération actuelle des coaches est un signe qu’il y a vraiment un besoin dans ce domaine (mais il faut malheureusement constater que tous ne sont pas bien formés et performants). En fait, il n’y a pas de recettes miracles. Chacun doit choisir – et ce n’est pas facile – la démarche qui lui correspond le mieux. Et ainsi cette meilleure connaissance de soi permet de mieux écouter et comprendre les autres, de se mettre à leur place dans le respect et l’empathie, ce qui crée un climat de confiance propice à la construction d’un esprit d’équipe où chacun joue son rôle et est solidaire des autres.
Un tel environnement professionnel favorise une bonne «Santé Globale» au niveau individuel et collectif, car il contribue à donner du sens au travail et devient ainsi un facteur positif sur le plan physique, psychique, social et spirituel. Et bien évidemment cela se traduit par une «Bonne Santé» de l’entreprise.
De récentes études internationales ont démontré qu’il y a un lien évident entre la qualité des managers et les performances de l’entreprise. Et des indicateurs classiques tels l’absentéisme ou le turnover confirment les bénéfices apportés par les «bons chefs». De plus, le meilleur engagement des collaborateurs se traduit par une meilleure qualité du travail et bien sûr une bonne image de marque pour l’entreprise. Même s’il reste encore beaucoup de chefs formatés à l’ancienne, dans des structures pyramidales rigides qui génèrent de la souffrance au travail, ils sont appelés à disparaître car ils sont devenus obsolètes et anachroniques. Désormais, la notion de chef va évoluer et s’adapter aux aspirations des nouvelles générations.
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