Que se passerait-il si vous deveniez vous-même?

Je ne sais pas si vous vous faites la même réflexion que moi, mais avec l’omnipotence de l’image, les smartphones avec filtres photos et la «bienveillance» en entreprise, on n’a jamais été autant dans le désir d’être mieux que l’on est, en même temps que dans une crainte absolue de déplaire. Ça doit faire 15 fois que je change le titre de mon CV et il m’arrivait encore il y a quelques mois de relire 3 fois mes commentaires sur les réseaux sociaux pour être sûre de n’y offenser personne.

J’ai récemment lu plusieurs articles sur ce que j’appellerai «l’injonction à paraître mieux que bien» et quelques coups de gueules inspirants de mes copains sur LinkedIn. Mensonges dans le CV, diktats d’attitude policée, injonction à la bonne humeur, à l’attitude positive ou bien-pensante. Tout ce qui relève en réalité du socialement acceptable, professionnellement impeccable et mercantilement bankable. Sur mon réseau social professionnel, je ne suis plus «Responsable de rayons» mais «Créateur de solutions clients et impulseur de bonne humeur» et je joue mon rôle à fond.

C’est comme ça, sans y prêter attention, que nous renions nos opinions et envies puis finalement notre personnalité. Nous nous sentons obligés de mentir sur nous-mêmes et de nous «sur-conformer» aux attentes des autres, de la société, du Travail. Les entreprises, quant à elles, ayant l’obligation de soigner leur marque employeur et de faire face à la fameuse «guerre des talents», se maquillent avec des fards de toutes les couleurs pour plaire aux candidats.

Nous nous sommes habitués à cette surenchère entre salarié et entreprise, qui donne à la fois une importance démesurée au statut professionnel (ma vie=mon job) mais génère en outre le sentiment grandissant pour les deux parties de n’être finalement «jamais assez» ou «jamais comme il faut» ; pas souvent en phase en tout cas.

Vous allez me dire «c’est bien gentil mais le monde du travail est ainsi fait». Et vous aurez raison: le vieil adage «S’adapter ou mourir» est bien d’actualité. Toutefois, si on est amené à un moment de sa vie à faire un petit bilan, on doit bien admettre que:

Quand nous disons non, nous nous respectons. En devenant sélectifs sur nos «oui», nous allons vers plus de précision. Et si nous faisons taire la petite voix dans notre tête qui se préoccupe de toutes les conséquences néfastes que nos propos pourraient déclencher, nous réalisons que nous allons enfin vers ce que nous désirons dans la vie. Les autres ne sont pas nos bourreaux. C’est nous-mêmes qui croyons simplement depuis trop longtemps que nous devons nous conformer à leurs désirs et jugement. En acceptant de risquer l’impopularité, nous prenons la responsabilité de nos choix et décisions et ce faisant, récupérons les commandes de notre vie.

Finalement, c’est peut-être aussi cela devenir soi-même.

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