Les «exclus» de la directive MSST

Cette directive, comme son nom l’indique, recommande aux employeurs de faire «Appel à des médecins et autres spécialistes de la sécurité au travail» pour gérer les risques dans leur entreprise. Elle s’inscrit dans le cadre de l’Ordonnance pour la Prévention des Accidents et des Maladies professionnelles (OPA) issue de la Loi sur l’Assurance Accidents (LAA). Une autre ordonnance complémentaire précise qui sont ces «autres» spécialistes, et leurs qualifications. Il s’agit des hygiénistes du travail, des ingénieurs de sécurité et des chargés de sécurité.

Or… nombre d’autres spécialistes très importants sont «oubliés» dans cette directive bien qu’ils soient réunis dans l’association faîtière Suissepro. Celle-ci regroupe l’ensemble des professionnels de la santé et sécurité du travail (SST), et a pour mission de construire une vraie pluridisciplinarité. Cette particularité ne se trouve dans aucun autre pays, où les professionnels de la ST restent enfermés dans leur silo spécifique.

Mais qui sont ces «exclus» que la loi ne veut pas reconnaître malgré leur rôle fondamental dans la protection de la santé des travailleurs? Ils sont nombreux mais nous retiendrons trois professions parmi les plus importantes, ayant chacune son association professionnelle spécifique.

L’Association Suisse des Infirmières de Santé au Travail (ASIST) représente ces partenaires indispensables du médecin du travail et dont le rôle auprès des travailleurs est socialement crucial grâce à leur écoute, leurs compétences et leur aide empathique pour toute une série de problèmes dont les médecins ne peuvent pas s’occuper. Elles ont une formation et des qualifications bien définies et sont très actives sur le terrain et dans les manifestations visant la promotion de la SST.

L’Association SwissErgo représente les ergonomes: experts de l’adaptation du travail à l’homme, ils conçoivent des outils, des procédés, des méthodes de travail et d’organisation favorisant le confort, la sécurité et l’efficacité, en adéquation avec les besoins, les capacités et les limites des personnes. Leur rôle est donc aussi essentiel dans les entreprises pour promouvoir la SST. Il n’y a pas encore de formation en Suisse mais des crédits peuvent être acquis pour obtenir le titre d’Ergonome européen (niveau Master).

Enfin, deux associations (Psy4Work et SGAOP) représentent, dans le monde francophone et germanophone, les psychologues du travail et des organisations qui jouent un rôle prépondérant au niveau des risques psychosociaux, toujours plus d’actualité vu leur augmentation constante. Cette science s’intéresse particulièrement à la santé psychique des individus et à leur comportement au travail. Ces professionnels sont donc des acteurs très utiles pour accompagner les organisations dans leur nécessaire évolution vers des systèmes mieux en adéquation avec la culture de l’entreprise, ses spécificités, les aspirations des collaborateurs, le besoin de sens qui participe au bien-être au travail et donc à la bonne santé globale. Des formations existent pour cette profession, par exemple à l’Institut de Psychologie du Travail et des Organisations de l’Université de Neuchâtel.

Pourquoi tous ces professionnels de la SST sont-ils exclus de la MSST? La raison de cet «oubli» réside à mon sens d’une part dans la volonté politique de ne pas donner trop de visibilité à la Santé et Sécurité au Travail; et d’autre part dans le fait que la modification d’une ordonnance est une procédure longue et difficile.

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