Quel pourcentage de votre temps octroyez-vous à la réflexion? Prévoyez-vous, en équipe, des créneaux dédiés à l’évaluation des réussites ou difficultés passées? Est-ce que votre agenda permet des analyses en profondeur de certaines situations? Faites-vous des réunions post-mortem afin de revenir sur le déroulement d’un projet et identifier ce qui pourrait être amélioré?
Et si ralentir et réfléchir était la (non) action la plus pertinente en cette fin d’année?
2023 touche à sa fin. Les décorations, célébrations et festivités de fin d’année nous feront peut-être oublier, pour un temps, les immenses défis du monde actuel. Sur le plan professionnel, les équipes tentent de boucler les projets, les réunions restent souvent nombreuses en décembre et le rythme soutenu jusqu’aux derniers jours.
«Nous n’apprenons pas de nos expériences. Nous apprenons en réfléchissant à nos expériences.» John Dewey (philosophe et psychiatre américain – 1859-1952)
Bien que l’action soit un antidote majeur à l’anxiété, la réflexion est un aspect crucial du développement personnel et professionnel. Cela permet d’analyser les expériences, les décisions prises, les obstacles rencontrés et les défis relevés.
Tous les manuels de leadership ou de développement personnel le soulignent: le temps de la réflexion est nécessaire pour tirer les enseignements des événements, épreuves ou réussites et ainsi, grandir et préparer l’avenir en étant mieux équipé.
Certains en font une démarche régulière, alors que d’autres s’arrêtent rarement pour analyser le passé et en tirer les enseignements utiles. Pour ces derniers, c’est une course permanente vers l’avant (rat race), un chemin quasi garanti vers l’épuisement.
J’ai souvent observé que les dirigeants les plus inspirants avaient en commun de bloquer des plages de réflexion dans leurs agendas chargés. Nos modes de vie modernes, permettant de travailler de façon continue (anytime, anywhere), n’incluent plus de façon structurelle des moments de pause ou des périodes de réflexion.
Précisément à un moment où nous avons tant besoin d’utiliser nos neurones, il serait urgent de ralentir pour mieux avancer.
Le bénéfice marginal lié à la réflexion sur une expérience passée serait supérieur à celui lié à l’accumulation d’une nouvelle expérience. Une étude récente[1] indique que les employés qui passent 15 minutes à la fin de la journée pour réfléchir aux enseignements du jour réalisent après 10 jours des performances 20% plus élevées que ceux qui utilisent plutôt ce temps pour entreprendre une action supplémentaire. Une autre recherche menée par Jon Jachimowicz ( de la Columbia Business School) suggère que réfléchir intentionnellement sur nos expériences tend à augmenter la satisfaction au travail et à réduire la pression ressentie.
L’hyperstimulation, les agendas surchargés et la tendance à «en faire toujours plus» sont autant d’obstacles à notre réflexion. Orientés vers l’action, nombreux professionnels préfèrent gérer un nouveau problème que de réfléchir à une situation passée. Et pourtant, l’impact est évident. Comme le suggère la citation attribuée à Peter Drucker (1909-2005): «Après une action efficace, prenez le temps de la réflexion. De ce temps de réflexion, émergera une action encore plus efficace.»
Et si vous preniez un temps de réflexion constructive en cette fin d’année?
- Commencez par réfléchir aux temps forts de l’année.
- Qu’avez-vous appris de ces expériences? Restez calme. Laissez venir les pensées.
- Qu’auriez-vous fait différemment?
- Considérez plusieurs perspectives. Soyez curieux-se des réflexions qui surgissent.
- Prenez quelques notes pour clarifier les enseignements.
Pourquoi créer le temps de la réflexion en équipe est indispensable?
Un des facteurs clés de résilience est la capacité à donner du sens aux événements – heureux et malheureux – qui se manifestent. Ce ne sont pas tant les événements mais la façon de les appréhender qui distingue les équipes les plus résilientes.
- Prévoyez un moment en équipe pour réfléchir ensemble. Ayez une intention positive et un agenda flexible.
- Encouragez l’écoute active et un ton constructif.
- Créez un espace pour partager les émotions – sans jugement.
- Identifiez les obstacles rencontrés cette année, les défis relevés, les succès et les moments difficiles.
- Quelles sont les réalisations dont vous êtes collectivement fiers?
Cet exercice est puissant. Lorsque cette réflexion est menée en équipe, elle permet de créer un narratif, une histoire commune, qui soutient l’engagement et la motivation.
À vous toutes et tous, je souhaite une fin d’année riche en réflexions constructives.
[1] Di Stefano, Giada and Gino, Francesca and Pisano, Gary and Staats, Bradley R., Learning by Thinking: How Reflection Can Spur Progress Along the Learning Curve (February 6, 2023). https://ssrn.com/abstract=2414478 / http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.2414478
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