Au chevet du monde du travail

Quand l’un de nos proches ne va pas bien, nous prenons soin de lui. A l’évidence, le monde du travail ne va pas bien; il faut donc en prendre soin. Mieux comprendre l’origine de son malaise et apprendre à en détecter les symptômes contribue à percevoir ce qui pourrait le soulager, le soutenir et l’aider à retrouver une pleine santé.


«Great Place to Work»… un apparent paradoxe

On pourrait raisonnablement penser qu’une entreprise où la vitesse d’exécution des tâches est une priorité absolue, va engendrer du stress chez ses employés, avec ses conséquences: burnout, épuisement, dépression, absentéisme, etc.

Or, le magazine «L’Express» vient de publier un article sur le spécialiste de la livraison et de la logistique DHL. Eh bien, cette entreprise est réputée pour ses «bonnes» pratiques en ressources humaines… au point d’avoir reçu en 2024 le label «Top Employer Global» et d’être sacrée numéro un mondial au classement du label «Great Place to Work». Le taux de satisfaction globale de ses employés atteint 82% – ce qui est très supérieur à la moyenne du secteur.

Les premiers «blessés» des cyberattaques

Les cyberattaques sont une réalité inquiétante qui semble s’intensifier. Ainsi, un exemple parmi tant d’autres, Swisscom subit plus de 200 millions de cyberattaques tous les mois, soit une attaque toutes les 77 secondes. Les articles sur le sujet traitent principalement des aspects techniques, économiques, logistiques et de réputation/image de marque des entreprises touchées. Sur le plan humain, elles ont été pendant des décennies abordées sous l’angle de la protection de la vie privée. Mais l’impact de ces attaques sur la santé des personnes concernées et des dommages en découlant n’a jamais vraiment été mis en évidence.

Les «exclus» de la directive MSST

Cette directive, comme son nom l’indique, recommande aux employeurs de faire «Appel à des médecins et autres spécialistes de la sécurité au travail» pour gérer les risques dans leur entreprise. Elle s’inscrit dans le cadre de l’Ordonnance pour la Prévention des Accidents et des Maladies professionnelles (OPA) issue de la Loi sur l’Assurance Accidents (LAA). Une autre ordonnance complémentaire précise qui sont ces «autres» spécialistes, et leurs qualifications. Il s’agit des hygiénistes du travail, des ingénieurs de sécurité et des chargés de sécurité.

Une nouvelle priorité: place aux «anciens»!

Trouver un travail après 50 ans relève du parcours du combattant. Alors que les discours officiels font l’éloge des seniors comme étant un atout pour les entreprises, la réalité est beaucoup plus sombre. La proportion des seniors (55-64 ans) dans le chômage de longue durée est bien supérieure à celle des jeunes (24-49 ans). Une forte discrimination persiste dans le recrutement des employés, renforcée du fait des salaires plus élevés des seniors. Un témoignage dans «Le Temps» citait la descente aux enfers d’un cadre senior, considéré comme représentant des mal-aimés du marché du travail en Suisse. Les ouvriers âgés, en particulier dans le secteur de la construction, sont de ce fait souvent mal traités.

Manager le travail des autres et…  le «travail de soi»

Le questionnement actuel sur les nouvelles formes de gouvernance qui commencent à émerger dans le monde en évolution des entreprises, s’accompagne naturellement d’une réflexion sur les modes de management et de leadership les plus appropriés. Dans les structures «traditionnelles» les managers sont souvent malmenés, pris entre le marteau et l’enclume, obligés de se soumettre à des procédures standardisées, d’atteindre des objectifs financiers exagérés, d’affronter des problèmes éthiques contraires à leurs valeurs, etc. Leur souffrance a fait l’objet de nombreuses études et a stimulé la recherche vers de meilleures et plus saines formes de management.

Et si on remettait le cœur… au cœur de la Santé au Travail?

Aimer son travail donne du «cœur à l’ouvrage»! Belle image montrant, dans le langage courant, l’importance affective du cœur: par lui s’expriment nos sentiments et en lui se trouve ce que nous chérissons au fond de nous. De même, «ça me tient à cœur» sert à souligner combien quelque chose est important pour nous. Le cœur symbolise aussi la vie, cet organe vital se met en route très tôt dans le ventre de la mère et «travaille» sans s’arrêter jusqu’à la mort.

Quiet Quitting, ou la démission silencieuse

L’expression «quiet quitting» est apparue il y a un peu moins d’une année aux États-Unis, sur TikTok et a généré (selon un article de l’Express), une avalanche de témoignages et de réactions sur les réseaux sociaux, en relation avec un choix de vie professionnelle de plus en plus en vogue. En français, on parle de «démission silencieuse», dans le sens où l’employé ne fait que le strict nécessaire de ce pour quoi il est payé.

Élargir l’horizon

Rester confinés dans nos silos, voilà une fâcheuse tendance à laquelle les professionnels de Santé et Sécurité au Travail (SST) n’échappent pas non plus. Or, comment peuvent-ils faire comprendre l’importance de la qualité de vie au travail – dont ils sont les spécialistes – en lien avec des enjeux économiques, sociaux et politiques sans s’ouvrir à une collaboration avec les spécialistes dans ces autres domaines?