Dans le monde du travail, les composantes socioculturelles ne sont pas bien prises en compte pour prévenir les accidents et les maladies liés au travail ni pour contribuer à l’amélioration des conditions de travail.
Les données les plus connues concernant les «différences» entre les diverses catégories sociales concernent l’espérance de vie. Ainsi, les ouvriers et les personnes sans formation particulière ont une vie plus courte et de moins bonne qualité en regard des personnes mieux formées et socialement plus favorisées. Et malgré les progrès technologiques et une meilleure connaissance des facteurs influençant la santé, ces différences deviennent des inégalités qui s’accentuent au lieu de régresser.
En ce sens, le niveau de formation, entre autre, apparaît donc comme un facteur-clé. Ce qui se répercute, comme l’ont montré diverses études sur la santé perçue comme moins bonne par les personnes ayant peu ou pas de formation, à l’inverse de celles et ceux qui ont un bon niveau de formation.
Un aspect encore peu étudié est celui du comportement face à la santé, mis en relation avec le statut social: il semble avoir tendance à être moins «sain» chez les personnes moins bien formées. On peut même voir, dans les PME, des travailleurs ne pas respecter les consignes de sécurité (comportement à risque) pour aller plus vite et respecter les délais imposés à l’entreprise, en solidarité avec leur patron.
Pour ce qui est des cadres, managers ou médecins, avocats et autres experts dans des professions libérales, on sait qu’ils peuvent aussi avoir des comportements peu favorables à leur santé.
Il s’agit en fait d’un problème socioculturel, mais cette dimension semble encore rarement abordée sur le plan de la recherche en Santé au Travail et même, en Santé Publique. Son influence sur la santé des employé(e)s ne peut donc être que sous-évaluée. L’OMS a observé, par exemple, que l’incidence des cancers est plus grande dans les populations défavorisées, illustrant ainsi la nécessité de prendre en compte les facteurs sociaux et culturels qui sont déterminants.
Sans cette prise en compte, les politiques et stratégies de prévention et de promotion de la santé risquent de manquer leur cible. Par exemple, certaines études montrent: que les exercices physiques imposés aux employés.es en début de journée, n’apportent pas de réels bénéfices pour leur santé, pouvant même parfois être mal ressentis, mais que ce qui contribue vraiment à promouvoir leur santé, c’est l’amélioration des conditions de travail.
Dans ce sens, tous les acteurs à même d’influencer les conditions de travail dans une entreprise (directeurs, managers, responsables RH, chefs d’équipe, etc.) devraient pouvoir mieux prendre en compte ces dimensions socioculturelles. Deux exemples:
- La prévention sur les chantiers: non plus basée sur des principes généraux, mais adaptée au niveau socioculturel des travailleurs, elle sera bien plus efficace. Des efforts sont déjà faits au niveau de la langue (traduction des règles de sécurité), mais sans références aux diverses sensibilités culturelles.
- De même dans les hôpitaux: promouvoir la prévention et diminuer le stress, l’épuisement, demande d’adapter l’information tant pour les médecins, infirmier(ère)s, que pour les technicien(ne)es ou personnel d’entretien et de nettoyage.
Important: ces stratégies doivent s’articuler en collaboration avec les professionnels de la Santé au Travail, en particulier les médecins et psychologues du travail car, grâce à leur connaissance de l’effet des conditions de travail sur la santé des individus, ils peuvent jouer un rôle privilégié dans ce domaine.