KPI, OKR et autres indicateurs sont au cœur des préoccupations de nombreuses organisations. Sur le plan légal, les quotas permettent de suivre l’adhésion à des règles établies. L’obsession de la quantification touche également la sphère personnelle, avec l’explosion des trackers d’activités (comme Garmin, Apple Watch, Oura ou Fitbit). Dans un monde de plus en plus orienté vers la performance, il est important de comprendre l’influence des mesures sur notre attention et notre motivation. Est-ce que tout se mesure? Est-ce réjouissant ou inquiétant? L’attention aux chiffres ne risque-t-elle pas d’occulter la raison d’être de nos actions? Petite plongée dans le monde des mesures…
L’émergence des KPI et OKR: une histoire de performance
Le concept de KPI (Key Performance Indicator) est apparu au début du XXe siècle avec l’essor des grandes entreprises industrielles. Les KPI sont devenus un moyen essentiel pour surveiller les performances, corriger les écarts et prendre des décisions éclairées. Dans les années 1970, Intel a introduit les OKR (Objectives and Key Results), popularisés ensuite par Google et d’autres entreprises de la Silicon Valley. Contrairement aux KPI qui se concentrent sur le passé, les OKR introduisent une dimension plus stratégique en alignant les objectifs des individus avec ceux de l’organisation. Cela définit des résultats clés mesurables permettant de mesurer la performance tout en orientant les efforts sur les objectifs fixés.
Quotas et certifications: catalyseurs du changement
Les quotas, comme ceux relatifs à la parité ou aux émissions de carbone, visent à accélérer le changement et à fournir une feuille de route tangible. L’implémentation en Suisse de la directive CSRD (Corporate Sustainability Report Directive) impose le reporting et l’audit d’indicateurs ESG (Environnement Social Gouvernance), poussant les entreprises à adopter des pratiques plus durables. Les certifications, tels B Corp, s’appuient sur des évaluations chiffrées pour promouvoir ces transformations.
Le boom des trackers sportifs
Les trackers d’activités sportives sont un autre exemple concret de cette tendance à mesurer pour progresser. La prise de conscience croissante de la santé et le développement de technologies de pointe ont démocratisé l’usage de ces gadgets intelligents et créé un marché à qui on prédit une croissance exponentielle dans les années à venir. En tant qu’utilisatrice de trackers, je remarque qu’ils satisfont mon esprit rationnel. Toutefois, il est crucial de ne pas perdre de vue ce qui est vraiment important. Une anecdote révèle cette absurdité: après avoir dit à mon mari que j’avais bien dormi, je me suis ravisée en consultant ma montre connectée, qui indiquait le contraire.
Bénéfices et pièges
Les indicateurs chiffrés apportent un feedback immédiat, renforçant la motivation et créant un sentiment d’accomplissement. Bien choisis, ils sont des leviers de transformation. Cependant, une focalisation excessive sur les chiffres peut mener à des comportements contre-productifs. Par exemple, éviter des tâches non mesurées (comme aider un collègue à finaliser une présentation) ou repousser une vente (car les chiffres du trimestre en cours sont déjà atteints). Dans certaines organisations, les indicateurs ne reflètent pas toujours ce qui est le plus important (comme l’impact à long terme d’une décision ou la qualité de la relation avec un client), créant frustration et démotivation. Pire encore, la mesure peut devenir une fin en soi, au détriment du sens profond des activités.
Mesurer, oui, mais quoi et pourquoi?
Dans un monde orienté vers la performance, ce que nous mesurons influence directement ce sur quoi nous portons notre attention. Mesurer ce qui compte vraiment est essentiel pour éviter de tomber dans le piège de la «gestion par les chiffres», où la quantité prime sur la qualité. Finalement, mesurer n’est pas une fin en soi, mais bien un moyen d’orienter nos efforts vers un objectif porteur de sens.
Alors, prenons le temps de la réflexion, restons à l’écoute de nos intuitions et ressentis, rappelons-nous le but de nos activités et ayons le courage, quand c’est pertinent, de supprimer ou d’ajuster des indicateurs inefficaces au profit de mesures plus cohérentes et stimulantes.