Avec l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle (IA), la formation connaît une mutation profonde. Les contenus sont créés en un clin d’œil, les outils numériques promettent un apprentissage plus rapide, plus accessible et personnalisable, et les apprenant•es peuvent obtenir des réponses à leurs questions instantanément. Mais cette accélération pose une question cruciale: sommes-nous entré•es dans l’ère du «fast-food de la formation», ou assistons-nous à l’émergence d’une nouvelle manière de former, que l’on pourrait appeler «fast formation»?
Le concept de «fast-food» évoque des repas rapides, attrayants et faciles à consommer, mais souvent critiqués pour leur manque de profondeur nutritionnelle à long terme. En matière de formation, cette analogie prend tout son sens. Les micro-formations en ligne, les tutoriels express et les contenus générés par l’IA sont comparables à des plats tout prêts: faciles d’accès, séduisants, mais parfois limités en termes d’impact durable sur les compétences.
L’IA, utilisée «à tout-va», rappelle les débuts de PowerPoint où les transitions animées étaient parfois plus mémorables que le contenu lui-même. Cette surutilisation risque de détourner l’attention de l’essentiel: apprendre pour comprendre et grandir.
Cela dit, le «fast-food de la formation» n’est pas forcément mauvais. Après tout, McDonald’s a connu une croissance exponentielle en répondant à un besoin précis: nourrir rapidement. De la même manière, les formations rapides peuvent jouer un rôle clé dans certaines situations, comme acquérir une compétence technique immédiate ou se familiariser avec un nouvel outil. Mais qu’en est-il des compétences plus complexes, nécessitant réflexion, approfondissement et mise en pratique?
La clé n’est pas de rejeter la «fast formation», mais de l’intégrer dans une stratégie globale de développement des compétences. Comme dans l’alimentation, un «repas rapide» peut ponctuellement répondre à un besoin, mais il ne doit pas remplacer une alimentation équilibrée.
L’arrivée de l’IA et des formats rapides n’annonce pas la fin de la formation traditionnelle, mais offre une opportunité unique de réinventer nos façons d’apprendre. À condition de ne pas céder à la tentation d’un «fast-food» généralisé, ces nouveaux outils peuvent servir à concevoir des parcours d’apprentissage équilibrés, efficaces et durables.
Comme pour tout, modération et vision à long terme restent les clés. Si la «fast formation» peut avoir le goût d’une innovation savoureuse, elle ne doit pas devenir l’unique menu de notre apprentissage. Après tout, ce qui fait la richesse d’une bonne formation, c’est sa capacité à nourrir l’esprit sur le long terme, et pas seulement à satisfaire une faim passagère.