La transformation RH passe par l’authenticité

J’ai récemment écouté une chronique sur le «ghosting», ou comment un candidat sélectionné pouvait cesser tout contact avec l’entreprise et disparaître purement. Quelques années après l’avènement Glassdoor, j’ai pensé que se produisaient dans notre monde professionnel d’étonnants retours de bâton.

A force de subir la violence de certaines pratiques (silence de mort après des entretiens, candidat ou jeune diplômé servant de consultant-boîte à idées gratuit lors de l’entrevue, offres d’emploi sans budget pour tester l’attractivité de la société, recrutement interne prévu depuis le début, délais ou processus déraisonnables), les candidats se décomplexent. Et finissent par s’adapter aux «standards» de certaines entreprises.

Après avoir surpris les sociétés en flagrant délit de lustrage de leur marque employeur avec un vernis bon marché, tout en vendant à prix d’or des produits qui ne tenaient pas leurs promesses, candidats comme collaborateurs ont modifié leurs attitudes de consommation. Et ont cessé d’acheter des discours aspirationnels non tenus sur le long terme.

Désormais, travailler en co-laboration, faire vivre des valeurs communes et accomplir des choses plus profondes que maximiser la richesse des actionnaires sont les «new sexy». Et c’est là que l’on observe l’émergence de nouveaux paradigmes. Pour le meilleur comme pour le pire.

Enjeu stratégique, le recrutement cristallise les difficultés du marché du travail. Le numérique, lui, démultiplie la capacité à trouver plus de candidats et plus vite, plaçant toujours davantage le poste recrutement dans une position de force.

Mais la marque employeur ne peut plus simplement être un coup de comm’: chaque salarié en devient potentiellement l’ambassadeur. Et c’est bien aux RH qu’il incombe de transformer et de développer la capacité d’attrait de l’entreprise, sur la forme comme sur le fond. Car ce que recherche le collaborateur aujourd’hui n’est pas la perfection ni un monde idéal: il sait déjà que ce monde n’existe pas et que même les plus grandes histoires d’amour peuvent être contrariées.

Ce qu’il veut, c’est une photo sans fausse promesse, dans une certaine transparence – et, oserais-je même dire, humilité. Comme dans «l’expérience consommateur», il va évaluer son «expérience recrutement». Et parce que toute personne peut être un client, un des messages navrants que l’entreprise pourrait envoyer serait une disharmonie manifeste entre dire et faire.

Contre toute attente, la transformation digitale peut donner l’opportunité extraordinaire aux RH de se consacrer à leur raison d’être initiale, et ainsi retrouver une vraie légitimité: le développement d’un conseil qualitatif au service d’une stratégie et d’une vision incarnées.

Dans nos sociétés si policées et superficielles, il est tellement agréable de percevoir de la sincérité. Evidemment, les promesses comme les délais sont durs à tenir et l’exigence a un prix. Toutefois, soyez-en sûrs: les gens ne vous en voudront pas d’être refusés, mais se souviendront longtemps d’avoir été maltraités.

Avoir le courage de l’authenticité et de l’imperfection, c’est cela aussi l’intelligence émotionnelle. Intelligence émotionnelle dont l’entreprise, et donc les RH, vont grandement avoir besoin dans les mois à venir.

3 comments for “La transformation RH passe par l’authenticité

Répondre à Sophie Hautbois Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *