Ayons le courage d’avoir du courage

Quand on parle de changement, il doit être là. Qu’on évoque la prise de risque, la négociation ou le management d’équipe, il est indispensable. Si la situation se tend, si l’entreprise rencontre des situations difficiles et qu’il faut oser, sa présence est indispensable. Quant il faut défendre ses positions, s’opposer à une décision ou faire écouter sa voix, son importance est critique.

Et pourtant… Rien de rien. Pour beaucoup il ne s’apprend pas, pour d’autres il ne s’évoque pas. Pour le plus grand nombre c’est une valeur et pas une compétence. Mais nous avons tous tort. Le courage est une compétence fondamentale, quel que soit le rôle et la position dans l’entreprise.

C’est probablement LA compétence la plus importante de nos jours Et celle que – malheureusement – beaucoup d’entreprises et de systèmes managériaux combattent ou ignorent.

Comment est-ce possible? Pour deux raisons. La première, c’est que le courage fait – bizarrement – peur. Il s’assimile souvent à l’insoumission et porte une forme de clivage: il y a les «courageux» et les «autres».

Vous pensez que j’exagère? Quand l’entreprise surjoue la discipline, elle étouffe le courage. Sans le vouloir, ou sans le revendiquer, elle construit trop souvent un système de management basé sur la peur.

Quand elle sanctionne plus vite que son ombre, elle élimine le droit à la prise de risque. Quand elle norme tout, elle empêche l’expression de la différence. Et finalement, lorsqu’elle s’essaye à tout mesurer, elle génère le nivellement par le bas. Tout cela contraint les organisations, plutôt que de les libérer.

L’autre problème du courage, c’est qu’il est difficilement «markétable». Comment dire, sans paraître orgueilleux, menteur ou stupide, «je suis courageux»? C’est effectivement difficile, d’autant que la mesure du courage reste difficile. Cette compétence est donc clivante, au point qu’il est difficile de la mettre en avant.

Pourtant, il ne faut pas l’abandonner. Bien au contraire. Alors que faire? Il ne s’agit pas ici de chercher les héros organisationnels et de les cloner. Mais de créer un environnement qui permette d’exprimer des formes quotidiennes de courage. Cela peut s’appliquer à chacun. Le courage n’est pas qu’une valeur, c’est aussi quelque chose que l’on peut apprendre.

Il peut s’enseigner, on peut s’y entrainer. A condition de créer les conditions de son expression. C’est là que le rôle de l’entreprise est critique. Encore une fois, je ne parle pas ici de sauter d’un pont accroché à un câble, ce genre de teambuilding est bien éloigné du vrai apprentissage du courage organisationnel.

Le courage organisationnel commence par un état d’esprit: il contient la confiance, l’acceptation des différences, le travail sur l’expression des désaccords, la refonte des systèmes de performance ou la façon dont on construit le leadership.

C’est aussi un nouveau mode de communication, et la disparition d’une «machoisation» des organisations qui s’exprime souvent souvent par une forme d’autoritarisme trop plein de testostérone. Et le refus absolu du management par la peur.

C’est enfin la valorisation de la prise de risque et la capacité à identifier des «histoires de courage», qui donnent envie à toutes et à tous d’oser et de s’exprimer. Alors courage! Osons!

2 comments for “Ayons le courage d’avoir du courage

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