La cooptation: oui mais…

«Better the devil you know than the devil you don’t». Ce dicton soutient la thèse qu’il vaut mieux connaître les défauts d’une personne que de les découvrir avec le temps (et de se bercer d’illusions qu’il n’y en a pas).

Dans le cas du recrutement de nouveaux collaborateurs, il est indéniable que le recours à son premier cercle (professionnel, social, associatif, familial, amical) permet de savoir à qui on a affaire et d’avoir un «garant» dans l’entreprise. Beaucoup de sociétés ont d’ailleurs mis en place un système de cooptation pour la recherche et le recrutement de nouveaux collaborateurs par leurs propres employés, rétribution financière ou en nature à la clé.

Il y a d’autres avantages à cette pratique: adaptation culturelle plus facile, recrutement plus rapide, pas de recours à des recruteurs externes, références fiables et, statistiquement, durée de vie dans l’entreprise plus longue que la moyenne. Tous ces éléments se traduisent par une diminution des coûts directs et indirects qui font de cette méthode de recrutement la favorite des entreprises.

Quand il y a quasi-unanimité sur un sujet, il est important de se demander si l’on n’a pas été trop vite en besogne. En d’autres termes, quelles peuvent être les désavantages de la méthode de la cooptation?

La proximité entre deux personnes dans la vie privée est un chose. Cette proximité dans la vie professionnelle en est une autre. Pour illustration, feriez-vous le choix de travailler avec votre partenaire de vie?

Le problème vient du fait que nous sommes tous différents au travail et dans notre vie privée (est-il nécessaire de donner des exemples?). Quand les choses tournent mal, cette proximité peut virer au cauchemar. Il peut naître un rapport de débiteur à créancier au sein même des rapports de travail, qui peut conduire à un rapport de force, de domination, réel ou induit, qui est nuisible aux relations professionnelles, exacerbé en cas de désaccord.

Comme nos amis américains, qui sont les spécialistes de contrats prénuptiaux, il faut dans les meilleurs moments garder la tête froide et prévoir le pire: à choisir, mieux vaut recommander des personnes avec lesquelles les premiers liens étaient professionnels plutôt que sociaux ou, encore plus délicat, familiaux.

A mon avis l’argument principal contre la cooptation est celui de la diversité. Des études sociologiques le confirment, nous avons tendance à fréquenter des gens qui nous ressemblent. Nous fonctionnons par mimétisme, recherchons naturellement des semblables dans nos idées et comportements. Nous sommes donc tous influencés par, et influençons, notre entourage.

Alors, à moins que vous cherchiez les copies carbones de vos employés, mon conseil serait d’ouvrir le recrutement le plus possible. Dans un environnement professionnel, le diable ne se cacherait-il pas justement dans trop de familiarité et de confort?

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