Gentillesse et management: anachronisme?

Prononcez le mot «gentil» en parlant d’un collègue à des interlocuteurs au sein de votre entreprise et vous aurez toutes les chances que l’on vous jette des regards surpris. Et si vous occupez une position de management, alors là, vous serez quasiment soupçonné d’avoir perdu la raison. On risque bel et bien de vous croire converti à un mouvement religieux plaçant la béatitude et l’idéalisme humain au centre, alors qu’il est attendu des chefs qu’ils soient durs et percutants.

Un chef doit être doté d’un sacré courage pour oser utiliser un terme que l’on réserve plutôt à l’appréciation du caractère du toutou de la voisine qu’à ses collègues de travail, à fortiori de ses subordonnés ou, encore pire, de ses supérieurs. Et pourtant, les définitions que l’on en donne sont loin d’être contraires à ce que l’on recherche aujourd’hui.

Jugez-en plutôt. Gentillesse, extrait de définition tiré de Wikipédia: «La gentillesse est l’acte ou l’état d’être gentil. Elle est caractérisée par la bonté et le comportement de bienfaisance, caractère doux, tendre et soucieux des autres. Elle est connue comme une vertu, et reconnue comme une valeur, dans de nombreuses cultures et religions…». En d’autres termes, des qualités que l’on souhaiterait voir prendre de plus en plus de place au sein de l’entreprise, en lieu et place de l’arène de combat qui prévaut dans beaucoup trop d’institutions, avec les conséquences désastreuses que l’on connaît.

De façon simplifiée, on peut assez aisément dessiner deux types de personnalités que l’on trouve à l’intérieur d’une organisation, sinon tout bonnement dans la société en général: les personnes dont les actes sont sous-tendus par la bienveillance, qui commettent des erreurs comme tout être humain sur cette terre, mais sans aucune intention belliqueuse, et les autres, dont le comportement toxique provoque tensions et autres dissensions. La première catégorie, heureusement majoritaire, mérite bel et bien le qualificatif de gentil. Alors pourquoi s’abstenir de l’utiliser?

De récentes études démontrent qu’il s’agit bel et bien d’idées préconçues qui associent ce terme à de la mollesse, du renoncement ou encore de la naïveté, bref, à toutes sortes de notions de faiblesse qui n’auraient pas leur place dans un monde de compétition. Lorsque l’on observe les dégâts provoqués par le management «dur», on ne peut que souhaiter un changement radical des conceptions.

Bien au contraire de cette croyance fortement établie, la gentillesse au sein d’une entreprise est une force. Elle l’est encore plus si elle habite les personnes exerçant des fonctions dirigeantes, car le management est avant tout une responsabilité envers les collaborateurs et l’entreprise. Pour oser être gentil en tant que chef, il faut une bonne dose de sérénité, de confiance en soi et en l’être humain. En fait, toutes qualités qui fondent l’autorité naturelle. Vous avez dit leadership?

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