Dans la tête d’un manager

Performances élevées et bien-être au travail: une utopie? Bien au contraire! Tout en illustrant cette conviction par le biais de situations tirées du vécu, ce blog est l’occasion d’échanger des points de vue sur le bon équilibre entre théories de management et réalités du terrain, ainsi qu’entre idées créatives et pragmatisme.


A bas les harcèlements… en tous genres!

Sous l’angle purement sexuel, le harcèlement a assurément été la bombe 2017 qui a fait exploser des réalités bien trop longtemps enfouies. Il a malheureusement fallu passer par là pour une prise de conscience générale salutaire. A nous tous de la rendre durable, en évitant les dérapages que l’effet de balancier porte par définition en lui-même.

Osons toutefois un éclairage supplémentaire, car en termes de harcèlement, certaines personnes malfaisantes déploient leurs agissements destructeurs également sur d’autres plans. Il serait regrettable de ne pas profiter de l’actualité susmentionnée pour en parler. Il s’agit ici des rapports humains au sein de l’entreprise et, plus particulièrement, entre les échelons hiérarchiques. Je me concentrerai sur les lignes hiérarchiques verticales, du haut vers le bas, fournissant très certainement la part majoritaire des dérapages.

Les tire-au-flanc sont (trop souvent) gagnants

En entreprise de tout type, il est courant que dans les équipes il y ait des personnes de bonne volonté, dynamiques, créatives, ouvertes et accueillantes, toujours volontaires, prêtes à rendre service, dotées d’une très grande efficacité. Et puis qu’il y ait les autres.

Ces dernières circulent «en dessous du radar», vous font comprendre qu’elles sont tellement occupées qu’elles ne peuvent assumer une tâche supplémentaire. Elles vous accueillent froidement. Elles exécutent en général assez mal les tâches qui leur sont confiées, se contentant du strict minimum, voire souvent moins.

Gentillesse et management: anachronisme?

Prononcez le mot «gentil» en parlant d’un collègue à des interlocuteurs au sein de votre entreprise et vous aurez toutes les chances que l’on vous jette des regards surpris. Et si vous occupez une position de management, alors là, vous serez quasiment soupçonné d’avoir perdu la raison. On risque bel et bien de vous croire converti à un mouvement religieux plaçant la béatitude et l’idéalisme humain au centre, alors qu’il est attendu des chefs qu’ils soient durs et percutants.

Le manager populaire: un faible?

Témoignage tout récent d’un chef de service actif au sein d’une multinationale: «Si tu es apprécié de tes subordonnés, tu crées immédiatement le doute dans l’esprit de ta hiérarchie, qui te soupçonne d’être trop gentil avec ton équipe, de ne pas placer la barre assez haut, voire d’être permissif, laxiste et inconsistant. Un mou, quoi…».

Le management (salutaire) du futur sera féminin!

Hyper règlementation, légifération pléthorique, obsession des processus, croyance aveugle dans la conduite exclusivement par les chiffres, actions à court terme, pression, compétition interne malsaine et lutte de pouvoir, centralisation de ce dernier. Autant de fléaux qui conduisent à l’abrutissement et créent une souffrance en entreprise terriblement répandue. A terme, c’est la performance qui est touchée, sans parler des problèmes de santé des travailleurs, un danger immense pour la société.

Le management peut s’apprendre. Vraiment?

Une question abondamment débattue, les réponses méritant nuance.

L’acte de management est composé essentiellement de deux éléments, que nous appellerons «technique» (organisation, marketing, finances, etc.) et «humain» (addition de compétences, motivation, etc.). Bien que pour le premier élément, si l’on est de nature bien organisée, à l’aise avec les chiffres et que l’on se sent des affinités avec les thèmes «vente et marché», on va avoir la tâche facilitée, il n’en demeure pas moins que ces aspects peuvent effectivement s’apprendre, même en partant d’une feuille blanche.

Ne pas sous-estimer la charge émotionnelle du manager

Tout à la fois arbitre, psy, professeur, père fouettard, papa, flic, dépositaire du savoir technique, médiateur, pilote et confident, le manager est exposé à une charge émotionnelle qui peut être lourde, très lourde.

Le travail d’équilibriste découlant des attentes placées en lui est quotidien, intense, et peut se résumer à tenter de résoudre la quadrature du cercle. Il n’est pas rare que les pressions ainsi exercées finissent par atteindre la santé de l’intéressé. De nombreuses études sur la question du stress des cadres et des chefs d’entreprise font apparaître que la situation est pour le moins sérieuse.

Un chef compétent, kecekça?

«Les compétences du supérieur hiérarchique constituent l’indicateur le plus révélateur de la satisfaction au travail, dit une étude. Les meilleurs dirigeants sont ceux qui possèdent des connaissances approfondies sur le cœur de métier de l’entreprise.»

Ainsi débute un article paru dans «Le Temps» et faisant référence à l’enquête «Boss Competence and Worker Well-being», menée au Royaume-Uni et aux Etats-Unis auprès de 35’000 salariés. Si ce qui est écrit ci-dessus donne peut-être l’impression d’enfoncer une porte ouverte, il n’en demeure pas moins que tout cela mérite non seulement que l’on s’y attarde, mais encore que l’on nuance les propos.