Carlos Ghosn et les RH

Incontestablement Carlos Ghosn est un héros wagnérien. Il porte en lui tous les déterminants des forces recherchées par les DRH et les chasseurs de têtes pour trouver le dirigeant capable de transformer le monde: du charisme, des ambitions, de la ruse. Par la suite, mais finalement trop tard, il faudra aussi considérer d’autres forces pulsionnelles inextricablement liées: rivalité, haine, ressentiment, vengeance, jalousie et trahison.

Avec Carlos Ghosn, nous en sommes là: après le coup de foudre, le coup de caveçon. Dans la réalité des sociétés anonymes, les Brünnhilde, Siegfried, Parsifal ou Lohengrin existent et pas uniquement chez Renault-Nissan. Ces demi-dieux ne sont pas venus du néant, ni sortis de la cuisse de Jupiter. Assurément, des bonnes fées et quelques compères se sont penchés sur eux tout au long de leur trajectoire professionnelle.

Alors à qui la faute si ces héros ponctionnent sans vergogne les profits durement amassés par d’autres? En tout cas ni aux DRH qui se sont fiés à leur professionnalisme et aux tests psychosociologiques, ni aux créateurs de ces mêmes tests, ni à la hiérarchie qui s’est reposée sur les RH et sur les tests.

Comme c’est la faute à personne, on a donc un problème de choix de ces demi-dieux. La seule explication possible est celle de l’existence d’un plafond de verre au-dessus duquel plus rien n’est valide, ni la sélection des élites, ni leur contrôle. Il n’existe pas non plus de livret d’opéra pour comprendre et anticiper les drames humains qui se nouent parce que tout est invisible aux spectateurs. Jusqu’au jour où le plafond de verre s’écroule et le demi-dieu se retrouve dans l’enfer bien réel des geôles (japonaises).

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