Serge Panczuk

Serge Panczuk est le vice président International Human Resources de l’entreprise américaine Edwards Lifesciences, leader mondiale des valves cardiaques. Chargé de cours à Paris et Genève, ce passionné d’horlogerie a publié plusieurs ouvrages sur les digital natives, le management RH et la gestion de carrière. Il est basé à Irvine, en Californie.


Ayons le courage d’avoir du courage

Quand on parle de changement, il doit être là. Qu’on évoque la prise de risque, la négociation ou le management d’équipe, il est indispensable. Si la situation se tend, si l’entreprise rencontre des situations difficiles et qu’il faut oser, sa présence est indispensable. Quant il faut défendre ses positions, s’opposer à une décision ou faire écouter sa voix, son importance est critique.

Et pourtant… Rien de rien. Pour beaucoup il ne s’apprend pas, pour d’autres il ne s’évoque pas. Pour le plus grand nombre c’est une valeur et pas une compétence. Mais nous avons tous tort. Le courage est une compétence fondamentale, quel que soit le rôle et la position dans l’entreprise.

Make Corporations great, again…

«Populisme», «extrémisme», «discours radicaux», «rejet des élites», «repli sur soi», «peur». Je suis certain que ces termes vous sont désormais – trop – familiers. Nous allons devoir vivre avec – et avec leurs conséquences – pendant longtemps. La tendance que nous observons dans de le Monde est lourde et inquiétante.

Mais loin de moi l’idée d’écrire ici une tribune politique. Quoique… La politique désigne l’ensemble des actions liées à la gestion de la Cité, à sa gouvernance mais aussi à l’implication des citoyens. Elle est donc naturelle dès lors qu’une organisation se forme, qu’elle soit ville, région ou Etat.

Soyons fous!

«Dis Papa, c’est quoi un Deairache?» La question du petit est simple, mais comment lui répondre? Comment parler de recrutement, de compensation, d’on-boarding, de développement, de coaching et de tout le reste? La fuite serait-elle la seule solution? Non. Il faut répondre…

«Il était une fois un grand Royaume avec un Roi très sage.» Le petit s’assoit et écoute. Ça marche!

«C’est un poids bien pesant qu’un nom trop tôt fameux» (Voltaire)

La soirée commence bien. Une fois les politesses d’usage échangées, il est temps de prendre l’apéritif. Un convive me demande: «Et toi tu fais quoi dans la vie?» Après un court moment d’hésitation, je réponds: «Je travaille dans les Ressources Humaines».

A ce moment-là, comme souvent, le commentaire fuse: «Donc tu licencies et tu recrutes les gens.» Rapidement, la discussion s’engage sur d’autres sujets. Les réactions suscitées par l’évocation des «Ressources Humaines» sont régulièrement un mélange de crainte et d’une image de marque de la fonction pas «jolie, jolie».

Copies qu’on forme

Tout est parti d’un coup d’œil sur une brochure détaillant une formation aux RH. Ma réaction fut simple: les cordonniers sont vraiment les plus mal chaussés.

Lorsque l’on sait que la formation structure la façon de penser, d’agir et grandir, il est légitime de s’interroger sur la façon dont on forme nos talents RH. Souvent, cette dernière provoque en moi une réaction à cheval entre la peur et la consternation.

«Parce que j’aime les gens …»

Le recruteur: «Pourquoi voulez-vous faire des Ressources Humaines?» Le candidat: «Parce que j’aime les gens, ils sont la part la plus importante de l’entreprise.»

Cet échange est un classique des recrutements HR. Pour beaucoup, il est normal. Pourtant, ce petit dialogue est dangereux. En quelques secondes, il vient d’étouffer dans l’œuf la nature même de ce que devrait être la fonction RH.